un gigantesque slip

paroles et musique : Christophe Petchanatz

comme j'étais nostalgique, chagriné, abattu
d'humeur mélancolique, et funèbre, et déçu
chuis sorti dans la nuit, dans l'obscur crépuscule
perdu dans ce cambouis je suis le noctambule

toutes les portes sont fermées, les volets cad'nassés
les grilles verrouillées, les fenêtres bouchées
j'me sens défectueux, je me sens délabré
dans cette nuit peinte en bleu je me suis égaré

je rencontre un ivrogne, un pilier de bistrot
un soûlard, un poivrot à l'inquiétante trogne
qui fulmine et aboie, il éclate en menaces
en colère contre moi - comment briser la glace?

c'est une blague, un bobard, une fable, une histoire
drôle de mentalité en plus il est armé
armé d'un pistolet et d'une catapulte
d'un sabre et d'une épée, d'un méchant stock d'insultes

et il veut me couper, me hacher, me tuer
tronçonner, charcuter, me taillader le nez
j'imagine l'hôpital où je serai soigné
de jolies filles de salle au sourire fatigué

j'arriverai dans l'coma, dans un état morbide
infecté et gaga, complètement invalide
à cause d'un alcoolique, aliéné, névrotique
d'un salaud, d'un fumier, d'un stupide goret

mais l'ignoble m'oublie et dans son delirium
il parle à une fourmi des délices du rhum

plus loin dans la noirceur totalement déprimante
pour ne pas avoir peur je siffle et puis je chante
les citoyens s'éveillent exaspérés, furieux
ils me lancent des réveils, et ils visent les yeux
alors je vais ailleurs, loin de ces insensés
ces barjos siphonnés désagréables au moins

plus loin je vois un type surmonté d'un tricorne
un gigantesque slip d'une teinte un peu morne
lui sert de pardessus, de pull et de chemise
je fais çui qu'a rien vu, j'continue dans la bise
le vent souffle en effet, le blizzard, le mistral
en glaciales rafales, en bourrasques gelées
je grimpe les escaliers, je survole les marches
j'additionne les paliers avec les contremarches

je m'enfonce dans un couloir, un immense vestibule
corridor sans espoir, tout nu je déambule
et j'entrouvre une porte, et puis une autre porte
je me perds dans ces lieux à la r'cherche d'un pieu

d'un pucier, d'un plumard, d'un paddock accueillant
où finir sans histoire cette nuit tranquillement
j'entre dans une alcôve, le plancher sent la cire
les pantoufles le fauve, et j'me r'garde dormir